Longtemps perçues comme des problèmes localisés, les pollutions, de par leur ampleur et leur multiplicité, sont devenues au fil du temps un problème de plus en plus globalisé. Trois des neuf limites planétaires sont d’ailleurs directement liés à des pollutions :
- la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore
- la concentration des aérosols atmosphériques (les particules fines notamment)
- l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère (les pollutions chimiques)
Les activités humaines produisent de multiples pollutions qui s’entrecroisent :
- La pollution liée aux pesticides et aux engrais : leur développement, lié à l’intensification de l’agriculture au XXème siècle, perturbent les cycles de l’azote et du phosphore (provoquant notamment des phénomènes d’eutrophisation des milieux aquatiques), la santé des sols et polluent les nappes phréatiques. Les pesticides ont des impacts directs sur la santé humaine (les agriculteurs en particulier) et des effets particulièrement délétères sur la biodiversité (en intoxiquant les insectes pollinisateurs notamment)..
- La pollution de l’air (ozone, dioxyde souffre, composants organiques volatils, particules fines) : liée notamment au transport automobile, aux activités industrielles, agricoles ou encore au chauffage au bois, la pollution de l’air a des impacts considérables sur la santé humaine. Par exemple, les particules fines provoquent des maladies respiratoires, des cancers et parfois même des maladies cardiovasculaires : la seule pollution aux particules fines serait ainsi responsable de près de 9 millions de décès par an dans le Monde (contre 7 millions par an pour le tabac) dont 800 000 en Europe et 67 000 en France
- La pollution liée aux plastiques et aux micro-plastiques : les déchets plastiques présentent des risques très importants pour les poissons, les tortues et les mammifères marins qui soient les confondent avec de la nourriture (baleines, cachalots, tortues), soient sont piégés dans des sacs plastiques ou des filets abandonnés. Mais il ne s’agit de de la face émergée de l’iceberg. Avec le temps, les plastiques se décomposent en micro-plastiques (souvent dotés d’additifs toxiques), créant une pollution additionnelle de l’eau, de l’air et même des sols. Ces microplastiques se retrouvent donc dans notre organisme à travers notre alimentation (les poissons que nous mangeons ingèrent des micro-plastiques) et dans l’air que nous respirons (ils participent donc à la pollution aux particules fines)
- La pollution liée aux perturbateurs endocriniens : présents dans de nombreux objets du quotidien (produits d’entretiens, cosmétiques, pesticides, contenant alimentaires, jouets en plastique, etc.), ces substances chimiques perturbent le fonctionnement de notre système endocrinien (à l’origine de la production des hormones) et causes de nombreux troubles de santé : diminution de la qualité du sperme, abaissement de l’âge de la puberté, cancers de la thyroïde, etc .
- La pollution aux métaux lourds : liée à la combustion du charbon, du pétrole, des déchets, à l’exploitation de minerais et à divers procédés industriels, ils participent à la pollution de l’air (particules fines), perturbent les écosystèmes, détériorent les eaux de surface, les milieux terrestres et se retrouvent dans la chaine alimentaire avec des impacts sur la santé humaine. Il existe une variété de métaux lourds émis dans l’atmosphère, le mercure, le plomb et le cadmium étant les plus préoccupants en raison de leur haute toxicité et de leur durée de vie très longue.
- La pollution liée au nucléaire : les nombreux essais nucléaires pratiqués (essentiellement des années 50 aux années 90) ainsi que les différents accidents nucléaires qui se sont produits au cours de l’histoire (Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011 pour citer les deux plus graves) ont eu des conséquences dramatiques sur la santé des populations locales (cancers, anomalies génétiques) et ont contaminé durablement l’atmosphère, le sol et l’eau par la dispersion massive d’éléments radioactifs. La production d’énergie nucléaire produit quant à elle de nombreux déchets plus ou moins radioactifs et à durée de vie plus ou moins longue (certains peuvent rester actifs pendant plusieurs centaines de milliers d’années). Si tous ces déchets sont bien sûr traités, des questions se posent sur les risques que cela représente.
- La pollution liée aux fuites de pétrole : conséquence de marées noires [a]accident sur une plateforme pétrolière offshore, naufrage d’un pétrolier, accident industriel en bord de mer mais aussi et surtout de pollutions terrestres [b]rejets industriels et domestiques, accident de pipeline, le déversement de nappes de pétrole en mer a des répercussion dramatiques sur la biodiversité marine et des zones côtières (les oiseaux marins en particulier) : asphyxie du milieu, destruction de l’habitat, engluage, ingestion de produits toxiques, ralentissement de la croissance, altération de la fécondité, etc.
- Les pollutions lumineuse et sonore : souvent sous-estimées, les pollutions lumineuse et sonore posent pourtant de véritables problèmes à la biodiversité et en terme de santé public. La pollution lumineuse, liée à l’éclairage artificiel (lampadaires, bâtiments, magasins, serres agricoles), perturbe le rythme biologique des animaux (et des végétaux), voire leurs repères spatiaux, affectant leur croissance et leur reproduction. Quant à la pollution sonore, principalement liée aux transports, elle met en danger la survie des animaux et leur reproduction, en interférant avec leur communications. Les humains sont aussi affectés directement par ces pollutions : désynchronisation de l’horloge interne, insomnie, dépression, hypertension, etc.
Toutes ces pollutions ont donc des effets néfastes sur la biodiversité mais aussi plus directement sur la santé humaine.
Remarque : chacune de ces pollutions représente un sujet à part entière et fera donc l’objet d’un article dédié.
Références
Gemenne, François, Aleksandar Rankovic, Atelier de cartographie de Sciences Po, Jan Zalasiewicz, and Bruno Latour. 2021. Atlas de l’anthropocène. 2nde édition. Les Presses de Sciences Po.